L'expansion du nouveau coronavirus inquiète, et c'est bien normal. Mais il y a quelque chose qui se répand plus vite encore que ce dernier : la peur et la panique. 


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    Si l'inquiétude des différentes agences sanitaires et des États est légitime, la panique qui s'instaure depuis quelques semaines apparaît comme irrationnelle. En France, les pharmacies et les supermarchés sont pris d'assaut et les vols de masques dans les hôpitaux se sont multipliés.

    La panique n'est jamais une bonne solution

    Il est rare, pour ne pas dire impossible, que la panique soit une bonne solution quelle que soit la situation. Parfois, elle est incontrôlable. Devant une scène de guerre ou un attentat dans un lieu confiné par exemple, la panique n'est pas une bonne solution mais ici, elle est également impossible à contrôler.

    Dans la situation qui nous préoccupe aujourd'hui, nous parlons d'un virus qui a contaminé à ce jour 93.160 personnes dont 50.690 ont guéri (données en temps réel basées sur la carte interactive de l'université Hopkins) et dont 3.198 sont mortes principalement en Chine et essentiellement des personnes âgées ayant des problèmes de santé sous-jacents. Même si l'épidémie n'est certainement pas terminée, il convient d'aborder le problème méthodiquement. La panique est, au mieux inutile, au pire, la meilleure façon d'aggraver encore plus une situation inquiétante. Mais qui crée cette panique ? Pouvons-nous la contrôler ? Oui, nous le pouvons : il suffit de se souvenir d'éteindre sa télévision et de couper son flux d'infos.

    Abreuvés d'information en continu, nous en perdrions presque le Nord. Mais la peur n'évite pas le danger et le pire n'est jamais sûr… © Gorodenkoff, Adobe Stock
    Abreuvés d'information en continu, nous en perdrions presque le Nord. Mais la peur n'évite pas le danger et le pire n'est jamais sûr… © Gorodenkoff, Adobe Stock

    Les médias, responsables ? 

    Depuis le début de l'épidémie à Whuan (point de départ de l'épidémie, en Chine), il ne se passe plus un jour sans que l'on entende parler du nouveau coronavirus Covid-19. Tous les médias sont à l'affût du dernier cas contaminé, du dernier mort par ou avec le coronavirus (ce qui n'est pas du tout la même chose), du dernier foyer d'épidémie, etc. Si se tenir au courant des mesures de prévention est important, est-il vraiment pertinent d'être en permanence abreuver d'informations plus ou moins utiles concernant ce virusvirus ?

    Rappelons-nous que ce que la psychologie moderne qualifie de système 1 (un programme cognitif qui nous ferait prendre des décisions hâtives et peu réfléchies dans notre cerveaucerveau par rapport à notre heuristiqueheuristique présente) est très sensible à ce surplus d'informations et surtout, interprète cela par rapport à sa propre vision du monde, sans prendre le temps d'activer le système 2 (le programme cognitif plus réfléchi), car c'est une question de survie.

    L'influence des masses et des foules peut aussi expliquer le phénomène de panique actuel. Et si, quel que soit le sujet dont nous parlons, nous prenions un petit peu de recul et de temps avant de transmettre ce que nous appelons être « une information » ?

    « Un journal libre se mesure autant à ce qu'il dit qu'à ce qu'il ne dit pas », nous disait Camus dans un contexte bien différent. Mais, à l'heure des fakes news, de la mésinformation et de la surinformation (conformément à la règle du deux poids, deux mesures) sur certains sujets, cette citation prend également tout son sens. À méditer.