En 1789, plus de 85 % de la population française vit à la campagne dans des petits villages. Les villes de moins de 5.000 habitants constituent la base du réseau urbain français. Au XVIIIe siècle, 15 % de la population urbaine française se concentre sur Paris. L’expansion démographique des villes est intimement liée à leur vie économique et les grandes places commerciales (Paris, Bordeaux, Nantes, Lyon, Marseille) sont les plus dynamiques.

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    Sous l'Ancien Régime, la ville se caractérise d'abord par ses murailles entourées de faubourgs qui possèdent encore des caractères très ruraux car ils contribuent à l'approvisionnement des citadins. Le plan des villes n'a pas évolué depuis des siècles : les rues sont étroites et pas toujours pavées, la circulation difficile. La maison urbaine traditionnelle est le plus souvent en boisbois, comme les ponts qui sont occupés par des logements. À Paris, la pierre a commencé à remplacer le bois au cours du XVIIe siècle. Les façades sont étroites car les parcelles de terrain le sont également ; le rez-de-chaussée sert d'échoppe au marchand ou à l'artisan. Lorsque l'espace constructible arrive à saturation, on élève les maisons d'un ou deux étages. La constructionconstruction de luxueux hôtels particuliers en milieu urbain est une caractéristique du XVIIIe siècle : elle concerne surtout la grande noblesse de robe et les négociants fortunés. À Paris, l'éclairage des rues est instauré en 1667, les maisons sont numérotées dès 1768 et les premiers trottoirs construits dans les années 1780.

    L’expansion urbaine au XVIIIe siècle

    L'urbanisme s'inscrit désormais dans une augmentation de la taille des villes : Paris passe d'une superficie de 1.100 hectares vers 1715, à plus de 3.500 en 1789. En 1700, une vingtaine de villes dépasse les 30.000 habitants. Paris est de loin le premier centre urbain du royaume avec 505.000 habitants, suivie par Lyon (97.000), Marseille (75.000), Rouen (64.000) et Lille (55.000).

    Après 1740, le développement des villes s'accélère, lié à l'essor économique de cette période. En 1790, Paris compte 600.000 habitants, Lyon 150.000, Marseille et Bordeaux 110.000, Nantes 80.000, Toulouse 50.000. Les grandes villes du XVIIIe siècle correspondent déjà à nos métropoles du XXIe siècle.

    Plan Boisseau de 1645 : Description de la Métropolitaine ville de Toulouse, université et siège du parlement du Languedoc. © Archives municipales de Toulouse, domaine public

    Plan Boisseau de 1645 : Description de la Métropolitaine ville de Toulouse, université et siège du parlement du Languedoc. © Archives municipales de Toulouse, domaine public

    Les privilèges de la ville

    La ville se définit également par ses privilèges qui sont fondamentaux aux yeuxyeux des contemporains. Les habitants se considèrent comme citoyens (bénéficiant de droits civiques et politiques) et le gouvernement municipal est constitué, suivant les régions, de conseillers, de consuls, d'échevins... Les villes disposent depuis la période médiévale de franchises concédées par le souverain leur garantissant un certain nombre de libertés. Dans le royaume de France, les privilèges accordés résultent, la plupart du temps, de services rendus ou d'incitation au peuplement ; ils permettent aux citadins de disposer d'une administration propre et surtout d'être dispensés de la taille (impôt direct frappant au moins 85 % de la population du royaume).

    Le règne de Louis XIV va marquer une rupture : les intendants (représentants du roi) exercent désormais une surveillance administrative, financière et judiciaire sur les villes. La présence permanente du pouvoir monarchique tend à restreindre les libertés urbaines ; les villes deviennent le relais administratif de l'État royal en voie de centralisation, notamment par la perception des impôts sur la population rurale environnante.