L’ancêtre de notre école actuelle est né vers le milieu du XVIe siècle, avec la Réforme protestante ; luthériens, calvinistes et réformés sont de fervents partisans du livre qui souhaitent lire la Bible en langue vulgaire (c’est-à-dire comprise de tous, donc pas en latin). La Contre-Réforme catholique va réagir en multipliant les petites écoles qui enseignent le catéchisme, afin de s’opposer à la progression protestante. La formation scolaire devient un outil pour mieux christianiser.

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    L'État royal incarné par Louis XIV intervient et légifère en interdisant d'abord les écoles protestantes en 1679, puis en confiant aux communes (sous le contrôle de l'évêque) la charge financière d'une école gratuite dès 1685. L'armaturearmature scolaire se double souvent, dans les grandes villes, de « maisons particulières d'éducation » qui sont des pensions élitistes privées.

    Dans les années 1680, Jean-Baptiste de La Salle, prêtre et docteur en théologie, fonde des écoles chrétiennes gratuites vouées à l'éducation des enfants de milieux défavorisés. Les « Lassaliens » réussissent à scolariser de 15 à 40 % d'enfants dans les villes où ils sont implantés. Deux innovations pédagogiques peuvent leur être attribuées : l'enseignement est dispensé par classes de niveau et l'apprentissage de la lecture se fait en français (plus en latin).

    Dans les campagnes françaises, le réseau scolaire dépend de la bonne volonté de la communauté villageoise : le maître est au service de la population qui l'engage et le rétribue ; il assiste souvent le curé et doit avoir obtenu une lettre d'approbation de l'évêque. Jusqu'en 1789, le schéma classique dans les écoles du royaume demeure l'apprentissage de la lecture et de l'écriture en latin, permettant ainsi d'assurer une instruction chrétienne à la majorité des élèves.

    Le maître d’école d’Abraham Bosse, estampe de 1638 © BnF, Département des Estampes et de la Photographie, ED-30 (A,4)-FOL

    Le maître d’école d’Abraham Bosse, estampe de 1638 © BnF, Département des Estampes et de la Photographie, ED-30 (A,4)-FOL

    Combien de Français savent lire et écrire ?

    Depuis 1667, la législation royale oblige les jeunes mariés à signer ou à tracer un signe de substitution sur le registre paroissial. D'après des données recueillies entre 1686 et 1690, on estime que 85 % des femmes et 70 % des hommes se révèlent incapables de signer le registre des mariages. Les variations régionales sont très importantes de part et d'autre d'une ligne imaginaire Saint-Malo/Genève. Au nord de cette ligne, 30 % des Français peuvent apposer leur signature en 1690 ; au sud, ils sont environ 15 %. En 1790, 60 % en moyenne au nord (voire 80 % à Paris ou Rouen) peuvent signer, contre 30 % au sud.

    Pour ceux qui parlent la langue d’oc, c'est-à-dire huit millions de personnes environ en 1789, le latin et surtout le français représentent les langues des élites cultivées du nord du royaume. Les femmes campagnardes, méridionales et pauvres fournissent les effectifs les plus importants de cette population pour qui le livre est un produit étranger, à peine entrevu lors de la fréquentation de l'école paroissiale.

    Le droit à l’instruction

    En 1789, l'école est monopolisée par l’Église, freinée par l'autofinancement paroissial et encore combattue par une partie de l'opinion publique (à l'instigation de Jean-Jacques Rousseau qui estime que « les pauvres » n'ont pas besoin d'être instruits !). Ce droit à l'instruction est accordé à tous les enfants de six à treize ans par Jules Ferry qui la rend obligatoire en mars 1882, après avoir décrété l'école publique laïque et gratuite en juin 1881.