Alors que la Terre se réchauffe, les scientifiques tentent de comprendre quel effet la hausse des températures aura sur les calottes polaires. Notamment sur celle de l’Antarctique. Et leurs dernières simulations montrent qu’un point de non-retour pourrait être atteint bientôt si nous ne parvenons pas à aligner nos émissions de gaz à effet de serre sur les objectifs de l’accord de Paris. « L’ampleur du phénomène nous a choqués. »


au sommaire


    L'accord de Paris, c'est ce traité qui, pour la première fois, réunit toutes les nations - ou presque - autour d'une cause commune : la lutte contre le réchauffement climatique. Avec pour objectif de limiter la hausse des températures mondiales à 2 °C - et si possible plutôt à 1,5 °C - par rapport à leur niveau préindustriel. Pourtant la voie sur laquelle nous semblons actuellement engagés préfigure un réchauffement d'au moins +3 °C.

    Pour se faire une idée plus précise de ce qui pourrait nous attendre dans ces différents cas de figure, des chercheurs de l’université du Massachusetts à Amherst (États-Unis) ont simulé l'évolution de l'Antarctique, se basant sur des modèles physiquesmodèles physiques. Leur conclusion : si nous ne parvenons pas à infléchir la trajectoire du réchauffement actuel, la calotte glaciairecalotte glaciaire atteindra un point de non-retour dès 2060. Avec des « conséquences irréversibles à des échelles de plusieurs siècles ».

    En cause : l'architecture même de l'inlandsis antarctique. Et les fameuses barrières de glacebarrières de glace qui stabilisent la calotte. Elles agissent en effet comme des contrefortscontreforts. Mais amincies et fragilisées par le réchauffement climatique, elles deviendront incapables de retenir les glaciers et de protéger les bords de la calotte polaire de la rupture. Ainsi, si le monde continue de se réchauffer, les mêmes processus que ceux déjà en cours du côté du Groenland pourraient avoir lieu en Antarctique. Avec des conséquences désastreuses pour le niveau de la mer.

    Le niveau de la mer va monter

    Les chercheurs de l'université du Massachusetts estiment que si les objectifs de l'accord de Paris sont tenus, l'Antarctique contribuera pour 6 à 11 centimètres à l'élévation du niveau de la mer d'ici 2100. Et pour un mètre à plus long terme, d'ici 2300. Mais si le cap actuel est maintenu, nous devons nous attendre à une élévation comprise entre 17 et 21 centimètres dès 2100 et de 10 mètres ou plus d'ici 2300 !

    D'autant qu'une autre étude, menée cette fois par des chercheurs de l’université de Harvard (États-Unis), montre que l'élévation du niveau de la mer sous l'effet du réchauffement climatique devrait encore être revue à la hausse. Tenant compte d'un mécanisme jusqu'alors considéré comme « sans importance » : le mécanisme d'expulsion de l'eau. Lorsque la glace de l’Antarctique fond, en effet, le poids de la calotte glaciaire diminue. Le substratsubstrat rocheux sur lequel elle repose, et qui se trouve sous le niveau de la mer, remonte. Le tout poussant de l'eau vers l'océan. De manière plus marquée lorsque les modèles intègrent la faible viscositéviscosité du manteau terrestre sous l'Antarctique.

    Les dommages que nous causons continueront pendant des siècles

    « L'ampleur du phénomène nous a choqués », confie Linda Pan, chercheur, dans un communiqué. « L'estimation la plus largement citée de l'élévation moyenne du niveau de la mer qui résulterait d'un effondrementeffondrement de l'inlandsis de l'Antarctique occidental est de 3,2 mètres. Nos travaux y ajoutent pas moins d'un mètre supplémentaire », précise Evelyn Powell, co-auteur de l'étude. « L'élévation du niveau de la mer ne s'arrêtera pas lorsque la glace cessera de fondre. Les dommages que nous causons continueront pendant des siècles », conclut Linda Pan.

    Voir aussi

    Le réchauffement climatique pourrait provoquer l’effondrement de plusieurs barrières de glace en Antarctique