Le champignon responsable du pied d'athlète est devenu asexué probablement lorsqu’il s'est adapté à sa vie de pathogène humain. Sa faible diversité génétique pourrait le rendre plus vulnérable à de nouveaux traitements.

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    Environ deux milliards de personnes dans le monde souffrent d'infections fongiques. Trichophyton rubrum est l'une des principales espècesespèces en cause dans des infections de la peau et des ongles, comme le pied d'athlète et l'onychomycose. Malgré les antifongiques disponibles en pharmacie, l'infection est souvent difficile à soigner.

    Le saviez-vous ?

    Le pied d'athlète est une mycose qui touche la peau située entre les orteils. Le micro-organisme se transmet en marchant pieds nus à la piscine, dans des douches ou des vestiaires, ou en partageant des serviettes.

    Pour en savoir plus sur la génétique du champignonchampignon, une équipe internationale a analysé 135 échantillons provenant du monde entier. Les résultats paraissent dans la revue Genetics. Les chercheurs ont trouvé que les micro-organismes isolés appartenaient quasiment tous (134 sur 135) au même type sexuel appelé MAT1-1. Seul un échantillon correspondait au champignon T. rubrum de type megninii avec un type sexuel opposé : MAT1-2.

    Les chercheurs ont voulu savoir si le champignon était asexuéasexué ou s'il se reproduisait sexuellement à de rares occasions. Ils l'ont donc placé dans des boîtes de Petri avec d'autres champignons, d'un autre type sexuel potentiellement compatible. Pour inciter le champignon à se reproduire sexuellement, ils ont essayé de le mettre en conditions, en abaissant la lumièrelumière, en retournant les boîtes (mais apparemment ils n'ont pas testé la musique d'ambiance...). En vain. Au bout de cinq mois, le champignon ne produisait rien qui ressemblât à une structure susceptible de contenir des spores.

    Le champignon <em>Trichophyton</em> observe au microscope électronique. © Duke &amp; NC State

    Le champignon Trichophyton observe au microscope électronique. © Duke & NC State

    Un clone asexué adapté à la vie sur l’Homme

    Les chercheurs ont aussi séquencé le génomegénome du champignon et trouvé qu'il s'apparentait à un clone : les différents champignons isolés variaient très peu. Les génomes étaient identiques à 99,97 %, ce qui représente trois différences tous les 10.000 nucléotidesnucléotides. Par comparaison, les champignons Cryptococcus sont identiques à 99,36 %, ce qui représente 64 différences tous les 10.000 nucléotides, soit une diversité 21 fois plus élevée.

    Si le champignon ne peut pas se reproduire sexuellement, il est probablement voué à disparaître un jour. Mais comme l'explique dans un communiqué Joseph Heitman, professeur de génétique moléculaire et de microbiologie à l'université Duke, sa disparition n'est probablement pas pour tout de suite : « on pense généralement que si un organisme devient asexué, il est voué à l'extinction. Bien que cela puisse être vrai, le calendrier dont nous parlons ici est probablement de l'ordre des centaines de milliers à des millions d'années ».

    Si un organisme devient asexué, il est voué à l'extinction

    Comme le champignon est un cloneclone asexué, sa capacité d'adaptation pourrait être limitée. Si les chercheurs développaient de nouveaux antifongiques, ils ont de bonnes chances de succès. En effet, une espèce sexuée a plus de possibilités pour développer des résistancesrésistances et de les transmettre.

    Pour les auteurs, le champignon aurait perdu récemment sa capacité à se reproduire sexuellement lorsqu'il s'est adapté à la vie sur son hôte, l'Homme. La reproduction sexuée avait peut-être plus de chances de se dérouler dans d'autres environnements, comme le sol.