Les émissions de gaz à effet de serre réchauffent notre Planète, mais paradoxalement, elles refroidissent la haute atmosphère, et encore plus vite que ce que l'on croyait. Ce refroidissement fait chuter une partie de l'atmosphère, un phénomène qui inquiète la Nasa car cela impacte, entre autres, les nombreux satellites et débris spatiaux.


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    C'est un fait méconnu du changement climatique, la majeure partie de l'atmosphère, celle située la plus en altitude, se refroidit ! Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de réchauffement climatique, bien au contraire : l'atmosphère de la Terre est divisée en plusieurs couches, et la plus proche de nous est justement celle qui piège la chaleurchaleur à cause des gaz à effet de serre.

    Une nouvelle étude parue dans PNAS confirme le phénomène de refroidissement en altitude, malgré le réchauffement à plus basse altitude. Et ce processus n'est pas sans conséquence, car tout comme le réchauffement s'accélère à un rythme plus important que ce que l'on croyait il y a quelques années, le refroidissement fait de même. La troposphère se réchauffe, principalement en raison du CO2, mais la mésosphèremésosphère et la thermosphèrethermosphère se refroidissent : 1,7 °C en moins entre 2022 et 2019. Si les émissionsémissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter jusqu'à doubler, alors le refroidissement atteindra -7,5 °C à la fin du siècle.

    Les différentes couches de l'atmosphère : la troposphère se réchauffe à cause des gaz à effet de serre, mais la mésosphère et la thermosphère situées au-dessus se refroidissent. © NOAA, YALE ENVIRONMENT 360
    Les différentes couches de l'atmosphère : la troposphère se réchauffe à cause des gaz à effet de serre, mais la mésosphère et la thermosphère situées au-dessus se refroidissent. © NOAA, YALE ENVIRONMENT 360

    Des impacts sur les satellites, la couche d'ozone et la météo

    Ce rythme de refroidissement, bien plus grand que celui du réchauffement, inquiète la NasaNasa qui surveille le phénomène avec ses satellites. Le phénomène impacte principalement trois éléments :

    • les satellites en orbiteorbite : l'airair se contracte avec le refroidissement, et « une partie du ciel s'affaisse » selon l'université Yale. Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête, mais les satellites peut-être ! En raison du refroidissement (et de manière plus minime d'une baisse de l'activité solaire), la stratosphèrestratosphère a perdu 1 % de son volumevolume, soit environ 400 mètres de hauteur en 17 ans. Les satellites et autres objets en orbite descendent donc plus bas, possiblement jusqu'à un tiers plus bas d'ici 2070, selon la Nasa. La concentration d'objets en tout genre à cette altitude, dont environ 5 000 satellites et 30 000 débris, fait craindre des collisions, et par la suite, un risque de chute ;
    • la couche d'ozonecouche d'ozone : si le trou dans la couche d'ozonetrou dans la couche d'ozone situé au-dessus de l'AntarctiqueAntarctique est en train de se refermer, la situation pour celui de l'ArctiqueArctique est différente. Le refroidissement provoque un éclatement de la couche d'ozone au-dessus de cette zone, sans que les scientifiques ne soient vraiment certains de la raison ;   
    • la météométéo : la haute partie de l'atmosphère est une zone où circulent plusieurs courants qui ont un effet sur la météo. Le refroidissement de cette zone affecte le courant-jetcourant-jet, qui lui-même affecte la météo. Les ondulations du jet-stream peuvent alors donner lieu à des situations de blocage, avec de fortes pluies ou bien des caniculescanicules persistantes sur certaines zones.
    Avec l'affaissement de la stratosphère, les satellites et débris spatiaux se retrouvent sur une surface plus restreinte et risquent d'entrer en collision. © Aapsky, Adobe Stock
    Avec l'affaissement de la stratosphère, les satellites et débris spatiaux se retrouvent sur une surface plus restreinte et risquent d'entrer en collision. © Aapsky, Adobe Stock

    Les émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines ont donc des conséquences bien plus vastes que ce que les scientifiques croyaient et ce champ de recherche n'en est qu'à ses débuts.


    La Nasa confirme que la haute atmosphère se refroidit sous l'effet du réchauffement climatique

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer, publié le 8 juillet 2021

    Nos émissions de gaz à effet de serre ont un impact sur les températures de la troposphère, la couche de l'atmosphère la plus proche du sol. Mais elles ont aussi un impact sur la mésosphère, une couche située plus haut, confirment des chercheurs.

    Par Toutatis, le ciel va-t-il finir par nous tomber sur la tête ? Certainement pas. Mais des chercheurs de la Nasa viennent tout de même de confirmer, grâce aux données enregistrées par trois satellites, que la mésosphère est en train de se contracter sous l'effet du réchauffement climatique.

    La mésosphère, c'est la couche de notre atmosphère qui se situe entre environ 50 et 80 kilomètres d'altitude. On parle donc ici de haute atmosphère. Depuis longtemps, les modèles prévoyaient que cette couche allait se refroidir, et de fait, se contracter, en réponse à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Mais cela n'avait encore jamais pu être confirmé par des observations.

    Les différentes couches de l’atmosphère terrestre. © bigmouse108, Adobe Stock
    Les différentes couches de l’atmosphère terrestre. © bigmouse108, Adobe Stock

    « Pour observer les tendances et isoler les effets des gaz à effet de serre des changements d'activité solaire ou autres, il faut plusieurs décennies de données », commente Scott Bailey, spécialiste de l'atmosphère à Virginia Tech (États-Unis), dans un communiqué de la Nasa. Et c'est enfin ce que les chercheurs de la Nasa sont parvenus à rassembler. Trente années d'observations qui montrent que la mésosphère estivale se refroidit de 2 à 3 °C et se rétracte de 150 à 200 mètres par décennie.

    Quelles conséquences au sol ?

    Ainsi, l'effet des émissions de gaz à effet de serre diffère-t-il que l'on se place au niveau du sol ou du côté de la haute atmosphère. Près de la surface, l'atmosphère est plus épaisse. Plus il y a de dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2), plus les moléculesmolécules piègent et transfèrent facilement la chaleur entre elles. La maintenant près du sol, un peu comme le fait une couette jetée sur un lit. Mais du côté de la mésosphère, l'atmosphère est plus mince. Les molécules plus rares. Et la chaleur capturée par le CO2 a tendance à s'échapper dans l'espace. Ainsi, plus il y a de GES, plus la chaleur s'échappe et plus la haute atmosphère refroidit. Et comme un ballon qui se contracte lorsque vous le mettez au frais, la mésosphère se contracte.

    Ces images sont celles du satellite AIM – pour <em>Aeronomy of Ice in the Mesosphere</em>. Les couleurs figurent l’albédo des nuages, une mesure de la quantité de lumière qu’une surface réfléchit par rapport à la lumière totale reçue du Soleil. Plus l’albédo est élevé, plus les nuages sont brillants et reflètent la lumière du Soleil. © Nasa, HU, VT, CU-LASP, AIM, Joy Ng
    Ces images sont celles du satellite AIM – pour Aeronomy of Ice in the Mesosphere. Les couleurs figurent l’albédo des nuages, une mesure de la quantité de lumière qu’une surface réfléchit par rapport à la lumière totale reçue du Soleil. Plus l’albédo est élevé, plus les nuages sont brillants et reflètent la lumière du Soleil. © Nasa, HU, VT, CU-LASP, AIM, Joy Ng

    La mésosphère, c'est loin, me direz-vous ! En effet. Pas de conséquence directe sur notre vie. Mais il pourrait tout même y avoir quelques effets indésirables. En effet, au fur et à mesure que la mésosphère se contracte, le reste de la haute atmosphère le fait également. Et la traînée des satellites, celle qui aide notamment à éliminer les débris spatiaux, peut diminuer.

    Voir aussi

    Le réchauffement climatique fait rétrécir la stratosphère

    Autre effet observable depuis le sol : des nuages noctulescents plus brillants, à des latitudeslatitudes plus faibles et qui se forment plus tôt dans l'année. Le résultat d'une mésosphère qui se refroidit et qui concentre plus de vapeur d'eau. Ce phénomène, les chercheurs comptent maintenant l'observer sur de plus longues périodes dans l'année et sur une plus large étendue de l'atmosphère. Leurs travaux se sont pour l'heure concentrés autour des pôles en été.