Trois squelettes déterrés dans les années 1990 ont permis aux scientifiques de définir une nouvelle espèce de dinosaures à plumes, nommée Anzu wyliei. Ce théropode du Crétacé, proche de l’oviraptor, est déjà surnommé « poulet de l’enfer » par ses découvreurs, du fait de sa drôle d’apparence et du lieu de sa découverte.

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    Long de 3,5 mètres, haut de 1,5 mètre, pesant entre 200 et 300 kilogrammeskilogrammes, équipé d'un bec sans dent pour terminer une tête arborant une crête et accrochée à un cou allongé, et probablement des plumes sur le corps : voici de quoi se faire une idée de l'apparence d'Anzu wyliei, nouveau dinosaure bipède tout juste décrit dans la revue Plos One.

    Ce cousin de l'oviraptor a été extrait en trois exemplaires de la roche à la fin des années 1990, dans la formation rocheuse de Hell Creek, dans les territoires du Dakota du Nord et du Dakota du Sud (États-Unis). Il vivait voilà 66 millions d'années près du lit des rivières, et devait adopter un régime omnivoreomnivore, se nourrissant aussi bien de plantes que de petits animaux, et éventuellement d'œufs. Cette découverte fait de lui le plus grand représentant de sa famille en Amérique du Nord, celle des caenagnathidés, bien qu'il reste bien plus petit que le gigantoraptor, qui s'épanouissait dans l'actuelle Mongolie il y a 70 millions d'années, avec ses huit mètres de long et ses deux tonnes.

    Ce nouvel oviraptosaure a reçu le surnom de « poulet de l'enfer » par ses découvreurs, dont Emma Schachner, de l'université d’Utah, d'abord à cause de son apparence, qui laisse vaguement penser à un gallinacé géant. Mais en plus inquiétant, à tel point qu'il a été nommé en hommage à Anzù, démondémon de la mythologie sumérienne à corps d'aigle et à tête de lionlion. Enfin, le mot hell de Hell Creek, signifie « enfer » dans la langue de Shakespeare.

    Deux des trois squelettes d’<em>Anzu wyliei</em> retrouvés portaient les marques de blessures osseuses au niveau d’une hanche et d’un orteil. © Musée d’histoire naturelle Carnegie

    Deux des trois squelettes d’Anzu wyliei retrouvés portaient les marques de blessures osseuses au niveau d’une hanche et d’un orteil. © Musée d’histoire naturelle Carnegie

    Mieux comprendre l’évolution des dinosaures

    Les trois spécimens découverts, dont deux portant les traces de blessures partiellement cicatrisées, font d'Anzu wyliei le squelette le plus complet parmi les caenagnathidés. Il permet ainsi aux paléontologuespaléontologues de mieux comprendre l'aspect particulier et l'évolution de cette famille de dinosaures, proche de celle des oiseaux. Ainsi, ils ont apporté de nouvelles pierres à un débat qui fait ragerage parmi les spécialistes, en confirmant que les caenagnathidés américains sont plus proches entre eux qu'ils ne le sont de leurs cousins asiatiques.

    Les oviraptosaures, connus depuis près d'un siècle, conservent encore moult secrets, tant par leur apparence singulière que par leur mode de vie. On a d'abord cru que l'oviraptor se nourrissait en volant des œufs (ce qui lui a valu son nom), mais les scientifiques se sont rendu compte bien plus tard qu'il veillait de près sur sa progéniture. Étonnamment, la plupart des membres de cette famille devaient vivre dans des climats arides, voire semi-désertiques. Sauf Anzu, retrouvé dans des strates laissant entendre qu'il préférait des conditions plus humides. Étant donné que ses proches parents ont été fossilisés avec leurs plumes, les scientifiques supposent qu'il devait en être de même pour le dernier venu.

    Les dinosaures présentent une grande variété de formes et d'aspect, et Anzu wyliei illustre bien cette diversité. À n'en pas douter, d'autres de ces lézards terribles sortiront de terre et présenteront de nouvelles facettes auxquelles on n'avait pas encore pensé.